Homélie de Mgr Feillet – Institution de lecteur et acolyte d’Alexis Effroy

Institution aux ministères de lecteur et d’acolyte d’Alexis Effroy, le dimanche 2 octobre à Mortagne au Perche :

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Chers amis, en ce jour où nous fêtons la résurrection du Seigneur, comme tous les dimanches, il convient que je commente brièvement la Parole de Dieu avant de nous éclairer sur les ministères de lecteur et d’acolyte que va recevoir Alexis Effroy.

La seconde lecture est une lettre que Saint Paul adresse à Timothée. Timothée est un jeune homme que Paul a installé à la tête de sa communauté. Était-il prêtre ou évêque, ce n’est pas très facile à discerner, surtout à cette époque. Une chose est sûre, il lui a imposé les mains, ce qui est un geste que l’on pratique encore pour les ordinations de diacre, de prêtre ou d’évêque. Mais l’on peut comprendre à la suite des encouragements de l’apôtre que Timothée ait été troublé par l’incarcération de son maître à Rome. Si le maître est emprisonné, est-ce que cela fragilise, voire dévalorise, celui qui a reçu sa mission d’un autre qui est désormais prisonnier et bientôt condamné ?

Paul a le souci de remettre les choses à leur place. La mission de Timothée n’est pas d’abord relié à sa personne mais bien à celle du Seigneur. Le Seigneur a souffert et Paul considère comme normal qu’il ait part à ses souffrances. Le disciple n’est pas au-dessus du maître. Cela ne peut se faire qu’avec la force de Dieu bien-sûr.

C’est pourquoi, Paul encourage Timothée à prendre lui aussi sa part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile. On ne peut-être le serviteur, le ministre du Christ crucifié et ressuscité sans épouser le parcours du bon maître. Et nous le savons, si la crucifixion était réservé aux rebut de la société, Jésus, en assumant la mort la plus humiliante a, par là même, rejoint tous les humiliés de la terre pour leur tendre la main au nom de Dieu. Paradoxalement, cette humiliation est devenu sa gloire et celle de ses disciples. C’est bien pourquoi, nous n’avons pas honte de ce Fils de Dieu fait homme qui, parce qu’il s’est abaissé jusqu’à la mort et la mort de la croix a été exalté de telle sorte que désormais tout genou plie et que toute langue proclame « Jésus-Christ Seigneur à la gloire de Dieu le Père ».

Et je vous le dis, frères et sœurs, aucun d’entre nous n’échappera à ces moments si particuliers où il nous faudra découvrir et expérimenter ce qu’ont vécu Paul, Timothée et tous les véritables disciples du Christ à leur suite. Ce jour-là il faudra nous souvenir qu’il y a une joie plus profonde à donner sa vie plutôt qu’à vouloir la conserver. Et nous ne pourrons le faire qu’avec la force de Dieu. C’est alors que nous éprouverons toute la justesse de la prophétie d’Habacuc : « Le juste vivra par sa fidélité ».

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Cher Alexis, dans quelques instants vous allez être institué lecteur et acolyte. Qu’est-ce donc que cela. D’autant plus que beaucoup de ceux qui vous entourent ont déjà lu la Parole de Dieu et de nombreux servants d’autel ont apporté leur soutien au prêtre qui célèbre l’eucharistie sans que ni les uns ni les autres aient été institués d’une manière ou d’une autre à ces services liturgiques. 

Ce n’est plus un secret, tout le monde sait que ces rites sont reçus par ceux qui orientent leur vie vers un ministère plus grand, celui du diaconat et du diaconat permanent en ce qui vous concerne, puisque votre épouse, Isabelle, et vos quatre enfants vous entourent aujourd’hui tout spécialement de leur affection et de leur prière.
Il faut bien dire que s’il n’y a jamais de mauvais évangile, celui de ce jour est bien approprié pour vous aider à faire un pas de plus vers le diaconat. Car si Dieu le veut, et si vous le demandez aussi, vous serez ordonné diacre dans quelques mois. Jésus nous le dit, il s’agit d’épouser la condition du serviteur et du simple serviteur qui accomplit sa tâche sans autre joie que de l’avoir accomplie. En effet, c’est elle qui nous rend proche du bon maître.

Il est bon qu’en vous approchant du diaconat, vous puissiez vivre des étapes qui vous permettent d’approcher progressivement des différentes tâches du ministère qui vous sera confié. Non pas que le ministère diaconal se résume à la vie liturgique mais bien parce que la vie liturgique manifeste comment il se déploie dans la vie quotidienne : au service de la Parole, de la prière et au service de la table des pauvres.

Aujourd’hui, vous allez recevoir la Parole de Dieu pour la lire et la proclamer dans l’assemblée. C’est un ministère très ancien que celui de Lecteur. Aux premiers temps de l’Église, tout le monde ne savait pas forcément lire. Celui qui était choisi pour être prêtre ou évêque n’était pas forcément le plus cultivé. Il avait besoin d’un aide pour proclamer la Parole. Qu’est-ce donc une parole bien proclamée ? C’est une proclamation qui permet sa compréhension et son intelligence avant même qu’elle soit commentée. Cela suppose que le lecteur ait travaillé cette parole, qu’il en ait perçu les points importants et qu’il ait trouvé, dans une manière sobre, la bonne façon de les mettre en valeur. Pour cela il faut trois points d’attention :Tout d’abord travailler le texte pour en avoir l’intelligence et la compréhension.
Ensuite, il faut se laisser travailler par cette parole dans la prière. Si la parole ne nous a pas touché intérieurement, qui pourra être touchée par elle lorsque nous la lirons devant l’assemblée.
Enfin, comme chacun sait il ne faut pas lire pour montrer que l’on sait lire, il faut lire pour que tout le monde entende et comprenne.

Chacun l’aura compris, ces recommandations valent pour tous ceux et celles qui assurent ce service de la parole.

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Aujourd’hui, Alexis, vous allez aussi être institué acolyte. C’est là encore un ministère très ancien qui permettait au prêtre ou à l’évêque de ne pas être l’homme-orchestre de la liturgie. En permettant que tout soit prêt, le pain et le vin, les livres liturgiques, le bon ordonnancement des choses, vous donnez du temps au ministre de la Liturgie pour sa prière qui est le cœur de sa mission. Et je me tourne vers les servants d’autel qui assurent ordinairement ce service d’Église.
Merci pour la qualité de votre service ;
Merci pour la qualité de votre attitude et de votre recueillement qui encourage tous les fidèles à rentrer dans le mystère sacré de l’eucharistie. La messe est d’abord l’offrande du don de Dieu en son Fils Jésus mort et ressuscité pour nous. Mais avec votre soutien et votre exemple, nous la recevons plus facilement.

Alexis, pendant les prochains mois, vous allez vous approcher progressivement des deux tables à laquelle le peuple de Dieu se nourrit et s’abreuve, la table de la Parole et la table de l’eucharistie. Que par votre exemple les lecteurs de l’assemblée soient entraînés à progresser et que les acolytes découvrent la profondeur de leur service.

Que tous ensemble, nourris de la Parole et du Pain de vie, nous découvrions et approfondissions notre condition de simple serviteur du Seigneur.