FIP Septembre 2020

Edito de don Stéphane

«…et donne la paix à notre temps»

Dans sa lettre pastorale « Quel monde voulons-nous ? » écrite à l’occasion de la rentrée, Monseigneur Habert souligne la « fragilité extrême de notre société » en ces temps où l’incohérence entre les grandes décisions bioéthiques et la gestion de la crise sanitaire montre que l’homme est entré dans le temps où il devient « le maitre absolu de la vie et la mort ». Notre mission de chrétien, et plus profondément nos entrailles de fils et filles de Dieu, nous font supplier plus que jamais Dieu de nous délivrer de tout mal et de nous donner la paix (cf. prière après le Notre Père). Mais de quelle paix s’agit-il ?
Le Seigneur a dit à ses Apôtres : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». Il est bien question de recevoir la paix venant de Dieu… et non pas une paix fabriquée par l’homme et ses seules forces. Cette paix constitue comme le fil de notre tissu social. Or, dans la Constitution Gaudium et Spes du Concile Vatican II, l’Église rappelle que « le caractère social de l’homme fait apparaître qu’il y a une certaine interdépendance entre l’essor de la personne et le développement de la société elle-même » (n. 25). Aujourd’hui, il semblerait que pour que la société se maintienne, il faille choisir de s’isoler et de s’immuniser pour se protéger les uns des autres. Mais à quel prix ? Pour combien de temps ? À quels dépens ? Car si la relation interpersonnelle est à la base de la vie sociale, notre visage et notre souffle ne sont-ils pas l’interface essentielle de nos relations humaines ? Pensons aux guérisons que Jésus a faites en touchant, en soufflant, en embrassant !
Depuis Adam et Ève, l’homme nourrit en lui-même une forme de crainte de l’autre et de son regard (cf. Gn 3,7). Le tentation qui se  présente à nous est de  vouloir nous protéger les uns les autres (ce qui est bon!) en renonçant à une relation humaine qui demeure à l’image de la relation en Dieu. La paix que Jésus donne à ses disciples est précisément cette capacité à pouvoir faire confiance à l’autre par amour, au risque de donner sa vie jusque sur la croix comme il leur a lui-même montré. C’est bien cela qui fait la communion! Et c’est pour cela que la liturgie place cette demande de paix avant la communion eucharistique, sommet de la relation sociale entre les hommes, avec et en Dieu. La communauté humaine dont nous sommes membres a précisément besoin que nous soyons aujourd’hui les témoins de cette communion! Besoin que nous soyons des témoins de cet amour qui risque ! Besoin que nous soyons témoins de cette primauté de l’autre sur moi ! Besoin que nous soyons donnés les uns aux autres car « l’homme, seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même » (n. 24). Alors demandons à Jésus de nous fortifier dans ce désir de paix et de communion. Demandons-lui la force de demeurer libres pour ne suivre personne d’autre que Lui, notre unique Pasteur.
« Donne-lui toujours cette paix et conduis-la vers l’unité parfaite ».
don Stéphane