Informations paroissiales du 10 avril au 17 avril 2022

L’élection présidentielle et le catholique français
 
   Chers paroissiens, nous pourrions interroger la légitimité d’un édito sur une réalité aussi temporelle que les élections alors que la liturgie nous conduit au porche de la Grande Semaine Sainte, point culminant des réalités spirituelles qui nourrissent la vie chrétienne. Et pourtant… voter pour celui qui aura la charge du bien commun durant cinq années pourrait bien se révéler proche de l’acclamation des habitants de Jérusalem qui émettaient par leurs rameaux brandis, leurs manteaux étendus et leurs « Hosanna » leur choix pour Jésus, Roi d’Israël. Comme ces habitants, ne nous y trompons pas. Nous ne sommes pas là pour élire notre Sauveur, car nous l’avons déjà, c’est Jésus ! Mais nous sommes là pour choisir parmi des candidats celui que nous discernons être « pour le mieux ». Afin de nous ragaillardir devant une certaine morosité politique qui habite les français depuis un certain temps, reprenons ici quelques points que l’Église nous enseigne à propos de ce travail de l’esprit, de ce labeur de l’intelligence qui consiste à faire fonctionner le muscle de notre prudence.
 
      => Des « devoirs » de citoyens dans le Catéchisme
 
   Le Catéchisme de l’Église Catholique nous redonne quelques points non-négociables du côté du citoyen. Avant même d’étudier le non-négociable des programmes électoraux, examinons notre conscience. Ce sont les numéros 2238 à 2242.
  1. « Ceux qui sont soumis à l’autorité regarderons leurs supérieurs comme représentants de Dieu qui les a institués ministres de ses dons ». Gros acte de foi. Gros gros acte de foi. Reprenons les 5 derniers « 2e tour » des présidentielles françaises, inversons les résultats, et demandons-nous si nous aurions reçu les élus comme des « représentants de Dieu » ?
  2. « L’amour et le service de la patrie relèvent du devoir de reconnaissance et de l’ordre de la charité ». Là aussi, sommes-nous des spectateurs de la politique ? Sommes-nous des consommateurs de nos institutions ? Ou bien en sommes-nous des acteurs ?
  3. « La soumission à l’autorité et la coresponsabilité du bien commun exigent moralement le paiement des impôts, l’exercice du droit de vote, la défense du pays ». C’est que les évêques enracinent leurs appels répétitifs à aller voter par « devoir moral ». Et le Catéchisme l’érige au même niveau que la défense nationale ou la contribution au bien commun.
  4. « Les nations mieux pourvues sont tenus d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine ».Ici, nous sommes bien dans les devoirs du citoyen, le Catéchisme insère cette ouverture afin de rappeler que lorsque je discerne pour ma patrie, je dois inclure les réalités qui lui sont extérieures. Je ne peux réfléchir en autarcie.
  5. « Le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles quand ces préceptes sont contraires aux exigences de l’ordre moral ». Difficile exercice de la conscience morale, il faut bien retenir ici une distinction essentielle : je dois me soumettre à l’autorité légitime tout en pouvant refuser des préceptes qu’elle promulgue. Un mauvais précepte n’entraîne pas la remise en cause du pouvoir politique (pour ce cas de la révolte, lire le n. 2243).

      => Pour nos élections 2022

   Des points de réflexion à ne pas éviter… Les programmes proposés touchent tous à les éléments très importants pour les chrétiens, et impliquent pour beaucoup des fibres mêmes de leur vie de foi. La difficulté repose dans la possibilité de dialogue et d’échange paisible sur ces sujets. Je vous propose d’abord d’énumérer, sans ordre d’importance ni de priorité (car telle est l’intention de l’auteur du texte) les points « non-négociables » édictés par l’Église. J’insiste ici sur le fait qu’il faut le lire comme un ensemble organique, non séparable : on ne pas faire son marché en prenant les points qui nous conviennent et pas les autres… Il s’agit des « exigences éthiques fondamentales auxquelles on ne peut renoncer » car elles concernent « le bien intégral de la personne ». Le thème de la paix est mentionné comme la clé de voute de cet ensemble.
 
  • Le droit primordial à la vie, depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle
  • Devoir et respecter et de protéger les droits de l’embryon humain
  • Protection et promotion de la famille
  • Liberté d’éducation
  • Protection sociale des mineurs et libération des victimes des formes modernes d’esclavage
  • Liberté religieuse
  • Une économie au service de la personne et du bien commun (entre autre de l’écologie)
  • La recherche de la paix

      => Une urgence de charité

   Depuis quelques mois, entre mes rencontres à Paris et le temps passé à Mortagne, je suis frappé d’une certaine radicalité dans les discussions politiques qui a pour principe de discernement la disqualification. Il me semble qu’il y a ici un danger. Les premiers siècles de l’Église ont appris aux chrétiens à œuvrer pour le bien commun, même quand les persécutions battaient leur fort. Pensons à ces préfets martyrisés alors qu’ils étaient encore en fonction ! Notre risque est de déserter le terrain politique parce qu’on y reconnaîtrait pas le « minimum nécessaire » pour collaborer. Je crois qu’il y a ici un vieux démon français, que Léon XIII dénonçait déjà lors de son appel au ralliement à la République – je ne résiste à vous le citer : « lorsque les nouveaux gouvernements qui représentent cet immuable pouvoir sont constitués, les accepter n’est pas seulement permis, mais réclamé, voire même imposé par la nécessité du bien social qui les a faits et les maintient. D’autant plus que l’insurrection attise la haine entre citoyens, provoque les guerres civiles et peut rejeter la nation dans le chaos de l’anarchie. Et ce grand devoir de respect et de dépendance persévérera, tant que les exigences du bien commun le demanderont, puisque ce bien est, après Dieu, dans la société, la loi première et dernière ».

      => Conclusion
 
  1. Tout d’abord, ne cherchons pas le saint, ni le sauveur, mais le plus idoine pour gouverner.
  2. Ensuite, examinons notre conscience : prenons-nous vraiment toutes les dimensions du bien commun en considération ou sommes-nous focalisé sur un seul point ?
  3. Après, prions : l’Esprit-Saint va inonder de son don de Conseil notre vertu de Prudence
  4. Enfin, soyons confiants en Dieu : c’est Lui le seul maître de l’histoire.

Pour aller plus loin :
 
 Don  Stéphane
 

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